Voyage de pĂȘche dans le nord de la Saskatchewan : Partie 2
PostĂ© le 08. Juillet 2010 • 7 minutes • 1338 mots
Table of contents
Je me suis rĂ©veillĂ© avec l’odeur du feu de camp de la veille qui m’entourait, j’ai respirĂ©, en l’apprĂ©ciant. J’adore cette odeur. Les garçons et moi avons discutĂ© avec le vieux monsieur. Il Ă©tait dĂ©jĂ Ă sa deuxiĂšme tasse de cafĂ© de feu de camp, un truc rance, mais bon en cas de besoin. Nous avons remis notre Ă©quipement dans notre chariot d’eau. J’ai ramassĂ© ce qui restait des 3 sacs de glace que nous avions achetĂ©s en route, ce qui devait reprĂ©senter environ 12 cubes, et je les ai jetĂ©s dans notre glaciĂšre. “J’aurai besoin d’eau”, ai-je pensĂ©. J’avais un sacrĂ© mal de tĂȘte qui me vrillait le cerveau. Maudit soit la biĂšre. Maudit soit le rhum.
Un matin enfumé
Les garçons et moi traĂźnions des pieds et nous sommes affalĂ©s du quai dans le bateau. Toujours trop fatiguĂ©s pour fonctionner. Le vieux monsieur avait un sourire enfantin sur le visage lorsqu’il a donnĂ© un coup de lanceur Ă tirette et a fait ronronner le moteur. Le bateau se dirigeait vers le nord-est, en direction d’une zone que nous avions Ă©vitĂ©e la veille. J’ai regardĂ© vers l’horizon et commentĂ© sur l’aspect enfumĂ© de cette direction. Un des garçons a mentionnĂ© que “Smoky l’Ours” devait ĂȘtre en train de fainĂ©anter. Nous avons ri et continuĂ© Ă avancer. Nous avions entendu des rapports sur des incendies de forĂȘt qui devenaient assez mĂ©chants plus au nord, mais on nous avait assurĂ© que nous ne courions aucun danger. Heureusement, car nous avions des poissons Ă attraper.
TraĂźner les lignes
Nous avons entamĂ© la matinĂ©e par une sĂ©ance sĂ©rieuse de traĂźne, qui, pour les non-pĂȘcheurs, consiste Ă faire glisser vos lignes dans l’eau pendant que le bateau se dĂ©place doucement. Vous couvrez davantage de territoire de cette maniĂšre et vous avez moins besoin de lancer, le type de pĂȘche parfait pour se remettre d’une lĂ©gĂšre gueule de bois. Nous avons traĂźnĂ© nos lignes pendant peut-ĂȘtre 15 minutes quand les poissons se sont rĂ©veillĂ©s. Nous avons commencĂ© Ă sortir poissons aprĂšs poissons, trouvant des endroits chauds occasionnels oĂč nous nous arrĂȘtions pour lancer quelques lignes. Les poissons sautaient presque dans notre bateau. Et on ne pouvait pas les blĂąmer, nous avions de la biĂšre fraĂźche, un sac entier de graines de tournesol et un excellent sens de l’humour.
VĆux sous-marins et pĂȘches de brochets
Ma camĂ©ra sous-marine s’est rĂ©vĂ©lĂ©e utile pour la pĂȘche. Chaque fois que nous avions une touche, quelqu’un attrapait l’appareil photo et tentait de prendre une photo ou une vidĂ©o de l’Ă©vĂ©nement complet, et si possible, une photo de la bataille sous l’eau. On a eu la chance d’obtenir quelques bons clichĂ©s. Cependant, je dois aussi rendre hommage aux eaux claires du nord. La plupart des poissons pĂȘchĂ©s dans les lacs ailleurs seraient bien trop troubles pour prendre une photo de quoi que ce soit d’autre que des algues.
Cascades du lac McLennan
Vince et Tamara, les propriĂ©taires et exploitants du camp Bears, ont mentionnĂ© qu’il y avait des cascades Ă proximitĂ©. Les cascades de Saskatchewan ressemblent Ă un oxymore. Mais nous sommes allĂ©s voir, nous nous attendions Ă trouver un panneau se moquant de nous, ou peut-ĂȘtre juste un petit tuyau de drainage venant d’une cabane voisine. AprĂšs avoir trĂ©buchĂ© sur quelques arbres tombĂ©s, nous avons entendu le sifflement de l’eau qui tombe et le splash reconnaissable provoquĂ© par des cascades. Bon sang, ils ne plaisantaient pas. Elles ne sont pas les chutes du Niagara, mais c’est une preuve photographique que la Saskatchewan n’est pas plate. Enfin, pas complĂštement.
Elle va ĂȘtre froide
Nous avons attrapĂ© quelques poissons de plus sur le lac, quelques-uns se sont Ă©chappĂ©s. Ma gueule de bois Ă©tait presque partie. Sachant trĂšs bien que l’eau froide guĂ©rit presque instantanĂ©ment les gueules de bois, j’ai fait signe vers un groupe de rochers Ă proximitĂ©. “C’est le moment”, ai-je dit Ă mon pĂšre. Il a ri et s’est arrĂȘtĂ© dans une baie oĂč quelques rochers descendaient dans environ 3,5 mĂštres d’eau. Je suis sorti du bateau dĂ©licatement et j’ai regardĂ© mes frĂšres me suivre. “Elle va ĂȘtre froide” a criĂ© le vieux monsieur. J’ai ri nerveusement. J’ai sautĂ© du bord en poussant un cri semi-fĂ©minin avant de plonger dans les eaux froides du lac McLennan.
Un plongeon dans le lac
L’eau froide a pris mon souffle, mes rĂ©flexes de survie ont pris le relais. Ne respire pas encore, c’est trop froid. J’ai commencĂ© Ă nager, ma tempĂ©rature a baissĂ©, mais mon souffle est revenu. Il suffisait maintenant de laisser mon corps s’habituer Ă l’eau. Mon frĂšre aĂźnĂ©, Logan, a sautĂ© et m’a trempĂ©, l’Ă©claboussure sur mon visage Ă©tait incroyablement froide. Nous avons ri et encouragĂ© notre plus jeune frĂšre Ă essayer. Il a ri et nous a traitĂ©s d’idiots, prĂ©fĂ©rant continuer Ă pĂȘcher. Nous l’avons taquinĂ© jusqu’Ă ce que nos dents claquant ne nous permettent plus de parler. Il a alors Ă©voquĂ© ce que Vince avait dit au sujet de “L’Ătang d’un Pouce”. Il a eu le dernier mot. Cette fois-ci.
Course vers l’Ăźle rocheuse
Logan et moi avons vu une petite Ăźle rocheuse au milieu du lac. Nous avons criĂ© au vieux monsieur : “On nage jusqu’Ă lĂ -bas”. Il a ri, se prĂ©parant probablement Ă tirer hors de l’eau au moins un de nous. Par chance, par destin, ou peut-ĂȘtre grĂące Ă notre alimentation saine (peu probable), nous avons tous deux rĂ©ussi Ă atteindre l’Ăźle rocheuse. Le vieux monsieur a manoeuvrĂ© le “chariot d’eau” en Ă©tain de 4,88 mĂštres suffisamment prĂšs de l’Ăźle pour que nous puissions descendre du rocher sur nos siĂšges. Nous avons rapidement attrapĂ© nos serviettes et une biĂšre. Gueule de bois guĂ©rie.
Le meilleur dĂ©jeuner au bord de l’eau
Il approchait de 13h lorsque les ventres Ă bord avaient faim. Nous avons retrouvĂ© le bateau d’Erik, le camarade du vieux monsieur, et criĂ© “DĂ©jeuner au bord de l’eau”. Nous avons suivi le bateau d’Erik jusqu’Ă une fosse Ă feu isolĂ©e prĂšs d’une riviĂšre au courant lent et d’une cabane Ă l’Ă©preuve des ours. Le vieux monsieur a nettoyĂ© les poissons tandis que je laissais pendre mes pieds du petit pont qui traversait la riviĂšre. J’ai complimentĂ© les filets terminĂ©s. “Beau dĂ©coupage papa”, ai-je dit. Il a rĂ©pondu avec son accent d’agriculteur, qu’il ne perdra jamais, “Ăa n’est pas ma premiĂšre chevauchĂ©e”.
Les papillons sont trop masculins !
Les hot-dogs ont Ă©tĂ© sortis de la glaciĂšre Ă nourriture, tout comme tous les condiments. Ketchup, moutarde et relish, chacun une nĂ©cessitĂ© pour toute bonne sortie de pĂȘche. Nous avons panĂ© quelques poissons de plus, beurrĂ© une poĂȘle, l’avons jetĂ©e sur le feu et laissĂ© les poissons cuire pendant que nous faisions griller des hot-dogs et inhalions du mĂ©lange de pistaches en poignĂ©es. Pendant que le poisson cuisait, j’ai fait un rapide tour autour de la vieille cabane Ă l’Ă©preuve des ours et ai rĂ©ussi Ă trouver un papillon prĂȘt Ă faire une sĂ©ance photo avec moi. Je suis retournĂ© vers le feu et j’ai dĂ©vorĂ© les brochets et truites du lac les plus dĂ©licieux que j’aie jamais mangĂ©s.
Dernier coucher de soleil dans le nord de la Saskatchewan
Nous avons rĂ©ussi Ă pĂȘcher quelques heures de plus avant que le soleil ne commence Ă descendre dans les eaux cristallines et calmes du nord de la Saskatchewan. Nous devions partir tĂŽt le lendemain matin pour Regina, alors nous avions beaucoup de rangement et de nettoyage Ă faire. Nous avons pris quelques photos, admirĂ© le coucher de soleil au milieu du lac et apprĂ©ciĂ© la paix et le calme que cette partie reculĂ©e du Canada a Ă offrir. Henry David Thoreau a un jour dit “Beaucoup d’hommes passent leur vie Ă pĂȘcher sans savoir qu’ils ne cherchent pas le poisson”. Je pense que ces mots rĂ©sument parfaitement notre petite aventure. Nous avons rencontrĂ© des gens formidables, qui ont dĂ©couvert une passion, l’ont suivie et en ont fait leur vie. Nous avons crĂ©Ă© de bons souvenirs, Ă©chappĂ© Ă la routine quotidienne et ri un peu. Ce sont des souvenirs comme ceux-lĂ qui rendent la pĂȘche si spĂ©ciale.