Un routard australien pris dans les Ă©meutes de Vancouver
PostĂ© le 23. Juin 2011 • 7 minutes • 1298 mots
Table of contents
Comme tout le monde le sait maintenant, le chaos a englouti les rues du centre-ville de Vancouver après la dĂ©faite en finale du match 7 entre les Canucks et les Bruins. L’histoire a Ă©tĂ© tuĂ©e dans l’Ĺ“uf Ă 8 reprises. Nous savons tous que des vitres ont Ă©tĂ© brisĂ©es, des gens ont Ă©tĂ© blessĂ©s, des voitures incendiĂ©es et des magasins pillĂ©s. Ce que beaucoup de gens ne rĂ©alisent pas, c’est qu’il y avait des routards et des touristes ordinaires pris au milieu des gaz lacrymogènes, des boucliers de police enfoncĂ©s et de la folie, sans nulle part oĂą aller.
Alors que je sĂ©journais Ă l’auberge Kelowna Samesun, j’ai fini par prendre quelques verres avec ce jeune Australien. Il avait 23 ans et logeait dans l’une des auberges locales du centre-ville de Vancouver. En plein cĹ“ur de tous les dĂ©sordres. Nous avons discutĂ© et il m’a racontĂ© toute son histoire sur la façon dont il a observĂ© les Ă©vĂ©nements se dĂ©rouler. Il souhaite rester anonyme, mais a acceptĂ© que je partage son rĂ©cit. Ce qui suit sera Ă©crit de son point de vue.
Nous voulions juste une photo
Je regardais le match avec quelques amis que je venais de rencontrer ce jour-lĂ , et après la dĂ©faite, nous avons entendu dire que des Ă©meutes avaient Ă©clatĂ©. On disait que ça devenait fou autour de Georgia Street et qu’une voiture avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© incendiĂ©e. Avec du recul, la prochaine dĂ©cision que j’ai prise n’Ă©tait probablement pas très intelligente, mais la bière et la curiositĂ© vous poussent Ă faire des choses folles. Nous avons quittĂ© l’auberge dans l’espoir de prendre rapidement une photo des Ă©meutes, quelque chose pour dire «nous avons vu ce qui s’est passĂ© le jour oĂą les Canucks ont perdu».
Confrontation avec la police anti-Ă©meute
Nous avons atteint Georgia Street, et vu ce qui restait d’une voiture. Du mĂ©tal brĂ»lĂ©, de la fumĂ©e et un groupe de personnes hurlant autour. Nous avons pris notre photo et sommes restĂ©s quelques minutes Ă regarder. Nous avons pensĂ© que les choses pourraient rapidement dĂ©gĂ©nĂ©rer, ce qui nous a fait penser que nous devrions probablement rentrer rapidement Ă l’auberge. Alors que nous faisions demi-tour, nous nous sommes retrouvĂ©s face Ă une ligne de police anti-Ă©meute en tenue complète. Des gaz lacrymogènes ont Ă©tĂ© tirĂ©s sur la foule. Nous avons couru dans une petite ruelle pour essayer d’Ă©viter le chaos et de sortir de la ligne de mire. Dans la rue voisine, nous avons vu un autre groupe de personnes chaotiques. Un type martelait une Hummer. J’ai dit Ă quelqu’un Ă proximitĂ© “Tout ça pour un trophĂ©e ?”, et un des Ă©meutiers m’a rĂ©pondu. “Les Canucks ont perdu ! Vancouver doit brĂ»ler !”. Son regard exprimait qu’il croyait sincèrement cela. Ă€ travers les coups portĂ©s aux voitures, nous avons vu quelqu’un essayer d’incendier la Hummer. Ils avaient des chiffons pendus hors du rĂ©servoir d’essence dans l’espoir de pouvoir y mettre le feu. Cela n’a pas fonctionnĂ©, ce qui les a juste rendus encore plus furieux. Finalement, quelqu’un est arrivĂ© avec des morceaux de bois enflammĂ©s. Ils ont jetĂ© des feux sous la Hummer. Nous avons pris quelques photos, puis avons dĂ©cidĂ© de partir. Rapidement. Les choses devenaient de plus en plus folles. Plus de casseurs se joignaient, mĂŞme des moins fous qui voulaient juste dĂ©truire quelque chose.
Intimidation avec des boucliers et des matraques
Alors que nous fuyions la scène du feu de la Hummer, nous avons entendu une explosion. Nous avons appris dans la foule que la Hummer avait explosĂ©. Ă€ ce stade, nous avions de la difficultĂ© Ă bouger. Les gens Ă©taient partout. Plus loin sur la route, d’autres policiers anti-Ă©meute tenaient leur position. Les gens donnaient des coups de pied dans leurs boucliers, lançaient des pierres et hurlaient sur les policiers. La police rĂ©pliquait par l’intimidation, en frappant leurs matraques contre leurs boucliers. Plus de gaz lacrymogènes ont Ă©tĂ© tirĂ©s, cette fois en doses massives. Il devenait difficile de voir et de respirer. Nous avons trouvĂ© une petite ruelle, y avons couru et avons eu de la chance. Nous nous sommes retrouvĂ©s près de l’entrĂ©e arrière de notre auberge. Je suis sorti sur Granville les mains en l’air, ma clĂ© d’auberge Ă la main en espĂ©rant que les gens sachent que je ne suis pas un Ă©meutier mais juste un touriste pris dans tout cet Ă©vĂ©nement. Un policier en tenue anti-Ă©meute m’a dit de partir, il faudrait au moins trois heures avant que les choses se calment. Ă€ ce stade, je pensais que j’Ă©tais fichu. Nous sommes retournĂ©s dans la ruelle et avons commencĂ© Ă crier en direction des fenĂŞtres de l’auberge. Nous avons finalement attirĂ© l’attention de quelqu’un dans sa chambre et lui avons dit que nous avions des chambres lĂ -bas. Nous avons montrĂ© nos clĂ©s et ils nous ont dit de faire le tour par l’avant. Nous leur avons expliquĂ© que tout Ă©tait barricadĂ©, que la police n’autorisait personne Ă passer, et que nous n’avions nulle part oĂą aller. Les personnes Ă la fenĂŞtre nous ont dit d’attendre lĂ . Ils allaient chercher de l’aide.
L’effet du gaz lacrymogène commence Ă se dissiper
Nous avons attendu 10 ou 15 minutes avant qu’un responsable de l’auberge ne nous laisse passer par la porte arrière après avoir montrĂ© nos clĂ©s et confirmĂ© notre identitĂ©. Une fois de retour, je me suis lavĂ© et j’ai regardĂ© le reste des Ă©vĂ©nements Ă la tĂ©lĂ©vision et en regardant par la fenĂŞtre. Le gaz lacrymogène se dissipait, les feux s’Ă©teignaient, les gens quittaient les rues, et la ville semblait avoir vĂ©cu l’apocalypse. Je pensais Ă quel point les choses avaient dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© si rapidement. Juste quelques jours plus tĂ´t, je faisais des high-fives Ă toute la ville de Vancouver. Puis cela s’est produit. Toute ma confiance en cette ville que je visitais depuis une semaine avait Ă©tĂ© totalement perdue. J’avais dĂ©jĂ prĂ©vu de quitter la ville bientĂ´t ; cependant, cela a confirmĂ© que j’avais besoin de le faire plus rapidement.
Puis je me suis réveillé
Puis quelque chose d’incroyablement surrĂ©aliste s’est produit. Je me suis rĂ©veillĂ© le lendemain matin et j’ai trouvĂ© la ville propre. Les vitres, les dĂ©bris, les restes des incendies, tout avait complètement disparu. C’Ă©tait comme si toute cette Ă©preuve n’avait jamais eu lieu. J’ai demandĂ© Ă la rĂ©ception comment cela s’Ă©tait passĂ© et on m’a dit que des milliers de volontaires Ă©taient sortis après les Ă©vĂ©nements et avaient aidĂ© au nettoyage.
Bordés avec amour
Les vitres brisĂ©es Ă©taient barricadĂ©es et commençaient dĂ©jĂ Ă ĂŞtre dessinĂ©es. Des messages de l’espoir. Des messages de colère. Des messages d’amour. “C’est NOTRE ville, merci Ă tous ceux qui ont aidĂ© au nettoyage!” - “J’aime Van” - “SolidaritĂ© pour toujours” - “les habitants de Vancouver sont magnifiques”. En quelques jours, ces planches se sont remplies, il ne restait presque plus de place pour Ă©crire. Des partisans vendaient des morceaux de tissu blanc aux gens pour qu’ils peignent dessus, les recettes Ă©tant destinĂ©es au nettoyage de Vancouver.
Une vue réconfortante
Voir la ville se rassembler après un Ă©vĂ©nement comme celui-lĂ est incroyablement rĂ©confortant. Les personnes derrière les Ă©meutes n’Ă©taient pas des vrais habitants de Vancouver. Bien sĂ»r, des gens ont Ă©tĂ© emportĂ©s par le dĂ©sordre, mais d’après ce que j’ai vu, ces personnes prĂ©voyaient de provoquer des Ă©meutes, que ce soit pour gagner ou pour perdre. Quoi qu’il en soit, c’est ainsi que j’ai vu les choses. C’Ă©tait fou. Je suis juste heureux d’en ĂŞtre sorti en vie.
Un rallye pour la paix est prévu pour le samedi 25 juin pour honorer les ambulanciers paramédicaux et la police qui ont contribué à garder Vancouver sûre. Consultez la page Facebook du Vancouver Spirit Rally .
Un grand merci Ă mon camarade australien anonyme d’avoir partagĂ© ces dĂ©tails avec moi. Étiez-vous Ă Vancouver pendant les Ă©meutes ? Veuillez partager votre histoire.